Espionnage

-On s'pelle les couilles ce soir.
-Tu m'étonnes, c'est comme ça en ce moment, journées chaudes, nuits froides et rien à faire.

La nuit était tombée depuis deux heures sur la cité, comme chaque soir les hommes d'Abelhard montaient la garde sur son quartier, non pas qu'il craignait quoi que ce soit, mais il y tenait, au cas où.
Il faut dire que depuis qu'il avait rejoint les Riders Of the Storm tout était plus simple et ... plus calme.


Mickey, une bouteille à la main, racontait ces derniers exploits aux nouveaux arrivants assis par terre et formant un demi cercle devant lui.
-Soudain j'lui dis "patron j'crois que j'ai entendu un bruit", puis une ombre se faufilla. Et c'était lui!

Ayant capté toute l'attention de son publique il continua.

-Bien sûr Abelhard avait toute confiance en moi et comme il préférait garder ses bières c'est moi qui m'en suis chargé, ni une ni deux je sors mes deux glocks et l'air menacant je les pointent sur lui.

-"Du calme l'ami", qu'il me dit, "Je viens juste proposer mes dernières trouvailles à ton boss, des cartes qui lui serait très utiles sur les monstres du desert".
-Alors Abelhard m'a dit de ranger mes armes.

-Tout en rangeant mes glocks j'lui fait, "OK, mais j'tai à l'oeil". Puis ils ont discuté quelques secondes et il est reparti. On a pas traîné, y’a des mutants qui rôdent en ce moment.

-Tu nous saoules avec tes histoires Mickey! Je parie ma paye du mois que ça ne s'est pas passé comme ca.
C'était un garde faisant sa ronde qui profitait que Mickey s'avalait une gorgée pour prendre la parole.
-Comme je vous le dis, ni plus, ni moins.
-Dans tes rêves oui.
Alors qu'ils se préparait a débattre de la chose en parfait gentlemen et avec leurs poings, les talkies-walkies que portaient les deux hommes se mirent à cracher dans un langage à peine compréhensible:
-ESPION! ESPION! SECTEUR A! SECTEUR A!

L'alerte était donnée et chacun repris ses fonctions.
Mickey, en bon chef de la securité donna ses premières consignes.
- Toi, dit-il en montrant du doigt le garde qui l'avait interpelé, "fonces-y rejoindre les autres". Et tout en levant son bras et en jetant sa main vers l'avant "les nouveaux avec moi".
On pouvait lire l'excitation sur le visage des jeunots "ça y est, enfin de l'action" se disaient ils.
L'un d'entre eux s'appelait kenny, c'était sa première soirée, d'ailleurs c'était son premier job, bien payé avec un peu d'action, le pied quoi. A 17 ans on ne peux rêver mieux.
Tout le petit groupe avançait en courant quand soudain l'un d'entre eux pris la parole
- Chef! le secteur A n'est pas de l'autre côté?
- Si pourquoi?
- Ben ...
- Ben quoi? Vous pensez avoir le niveau pour vous battre contre des espions aguéris?
Devant le silence résigné il continua.

- On va vers la maison, il y a peu de chance qu'ils l'atteignent, mais au cas où ils auront à qui parler.
Il passèrent les deux vigiles de l'entrée, deux statues de terre cuite représentant des soldats asiatiques. Ils portent une armure rudimentaire, des bottes recouvrant leurs pantalons et leurs cheveux sont attachés en chignon. Debout avec une pique dans la main ils regardent fixement devant eux. Leur prestance ou autre chose fit ralentir Mickey lors de son passage devant eux puis il accélérat de nouveau en entrant dans la demeure.
Trois hommes l'attendaient, prêts à faire leur rapport.
- Cinq, déjà deux de mort.
- Bon, et les trois autres?
- Il y en a un de poursuivit, ça n'est qu'une question de minutes pour lui, par contre les deux autres ...
- Restez sur vos gardes, il ne sont peut être pas loin.
Le talkie-walkie se remis à cracher:
- On a un mort, il manque son talkie.
Puis une autre voix:
- Y en a un qui est rentré dans l'enclos de kiki.
- Kiki? C'est qui ca? chuchota Kenny
C'est l'animal d'Abelhard répondit Mickey en faisant une grimace comme pour éviter d'entrer dans les détails.

A ces mots milles images traversèrent l'esprit de Kenny, un animal? Un petit chien sûrement. Kiki? Un caniche, un petit caniche blanc avec une touffe sur la tête et une petite boule ridicule au bout de la queue. Une boule qui se balance de gauche à droite lorsque son maître est rentré et qu'il est content de le voir. Mince, je pensais pas qu'un homme avec autant de pouvoir avait ça comme animal de compagnie. Tant mieux, quelque part c'est qu'il doit être plus normal qu'on le dit. Quand je pense que certains disent que c'est un vampire, pfffff n'importe quoi.
- Il risque rien? Faut aller l'aider.
Toujours gêné.
-Non je pense que Kiki va s'en sortir, lui en tout cas.




- Putain c'est quoi ce bordel? J'savais que ces cinq trous du cul était des branques. Faut jamais faire confiance aux autres. Y a trop de novices dans ce boulot. Heureusement qu'on s'est séparé avant d'arriver dans le quartier, j's'rai resté avec eux j'aurais déjà les chiens au train.
Le grand lettré qui avait prononcé ces quelques mots se faisait surnommé le corbeau. C'est l'un des rares à être espion freelance.
Ce soir on l'a payé pour quelques renseignements sur Abelhard, vu la somme proposée il ne fera pas d'excès de zel, mais c'est toujours ça de gagné. Le seul problème c'est qu'il n'était pas le seul sur le coup et ça, il déteste.

Tenue de circonstance, cagoule, t-shirt, treillis et bottes noires il cherchait de quoi s'abriter et prendre une pause pour réfléchir à toutes les options qui s'offrent à lui.
C'est entre deux poubelles et un mur qu'il établit son quartier général de fortune. Il s'était trouvé un allié de choix, un talkie-walkie pris à un garde qu'il avait égorgé après l'avoir attaqué par derrière. Le son réduit au maximum il pouvait suivre l'avancement de ses « coéquipiers » tout en planifiant sa retraite.
Il était grillé ou presque, plus la peine de continuer, sa priorité étant sa survie. Le corbeau n'est pas de ceux qui remplissent leurs mission pour l'honneur allant jusqu'à mettre leur vie en jeu. Il était plutôt de ceux qui vivent.
-Bon alors, dehors c'est le bordel. Deux possibilités, soit je fonce dans le tas et j’espère.. soit je me rapproche de la maison, me planque et attend que ça se calme. En général ça grouille autour de la maison mais une fois dedans et si on bouge pas ça passe tout seul. C'est décidé!
Les ombres lui étaient favorables et en quelques minutes il avait atteint ce qu'il suposait être la maison du chef de ces lieux.
- Ben tout se passe bien pour le moment, je pensais qu'il y aurait plus d'hommes que ça.
Sur sa gauche un enclos grillagé de la taille d'une piscine olympique. Une porte avec un écriteau dessus.
En s'approchant le corbeau pu lire les inscriptions : Kiki.
-J'le crois pas, ce mec a un clébard, et au nom un caniche. Vu la taille de l'enclos il l'aime beaucoup et doit être aux p’tits soins avec lui. Ben il baisse dans mon estime.
Il n'y avait pas de serrure, juste une poignée. La porte s'ouvrit sans grinçer pour le plus grand bonheur de l'espion qui se faufila tout en mettant ses lunettes de vision nocturne pour pallier au manque de plus en plus présent de lumière.
- D'abord je trouve le chien, faudrait pas que je me fasse repérer par ses aboiements. Puis j'attend, il doit sûrement y avoir une niche ou se cacher.
Il avançait prudement, un couteau de lancer à la main. Plus que jamais la discrétion était de rigueur.
Puis un bruit derrière lui. Sous sa cagoule se dessinait un sourire, celui d'un homme qui apprend une nouvelle qui lui sauve la vie. Immédiatement il se retourne, la lame du couteau pointée vers le bas.
Ces yeux s'écartèrent, à peine eut-il le temps de se dire « c'est ça Kiki? » que son bras toucha le sol.
Un coup de patte avait suffit pour trancher le membre du pauvre homme plus conscient de l'accès à la porte bouché par l'animal que de la perte de son bras. Ca n'est qu'en voulant frapper qu'il se rendit compte de la chose, il s'en suivit un cris à en faire frissonner les plus braves immédiatement suivit d'un feulement. C'en était fini du volatil.

Un oeil bleu, un oeil vert, le pelage blanc à rayures noires. Mesurant plus de quatre mètres Kiki ou plutot k1k1 (comme tatoué sur son oreille) est une « expérience », rapporté par Abelhard lors de son installation dans la citée.
Un tigre blanc ayant subit quelques modifications... Plus gros, plus grand, les muscles saillants, autant d'attributs qui fesaient de lui une vraie machine à tuer. Mais ils étaient allés trop loin, voulant le rendre plus intelligent ils lui offrirent une vrai conscience de ce qu'il était, de ce qui l'entourait. Sa rencontre avec Abelhard fut une aubaine pour lui, même si elle fut d'une rare violence, elle les rapprocha plus qu'autre chose. Leurs rapports sont plus proches « d'amis » que celui « d'animal de compagnie-maitre », K1k1 étant trop lunatique. Ceci explique aussi pourquoi les gardes prenaient soin de rester à l'écart de l'antre du tigre.

Vingt minutes plus tard chez Abelhard, le talkie-walkie annonca la nouvelle.
- C'est bon, il y avait six en tout, cinq morts, un prisonnier à interroger.
Je m'occupe de ça répondit Mickey, ammenez-le.

Une heure apres Abelhard rentrant d'un rendez vous avec Constantina
lu une lettre déposée par Mickey:

Nous avons démasqué des espions du vampire du nom de Cauchemard sur ton territoire.
Après les avoir tous attrapés, j'ai décidé de laisser partir l`un d`eux avec un message pour son maître, disant que la prochaine tentative d`infraction sur ton quartier se terminera par sa mort.



Merci a Xiao pour les corrections de fautes (si il y en a encore c'est elle )